samedi, décembre 20, 2008

histoire sans nom

Avertissement aux extra-terrestres ou autres visiteurs de ce lieu désertique, ce billet (d'entrée) est la suite de Désolation, publié aujourd'hui même sur ce site enchanteur. Il vous est donc fortement conseillé de commencer par le début si vous ne voulez pas que ça finisse mal.

" Une mise en échec tout à fait légale. Même pas un de ces coups salauds qui font tant réagir des partisans venus ici pour ça.
Rien de bien spectaculaire non plus. Un petit jeu de routine, comme les coins de patinoires en voient des centaines à chaque saison. Pas de sang sur la glace, ni au visage du joueur qui se retrouve assis, adossé à la bande, tout seul dans son coin.
Personne ne lui prête attention, sauf un juge de ligne qui s'approche nonchalamment vers lui pour l'inciter à se grouiller un peu.

Dans l'esprit de Jacques Rivard, il ne se passe déjà plus rien.
Dans sa tête, les globules rouges par millions, accompagnés d'un nombre plus restreint de leurs frères blancs, se précipitent vers de nouveaux territoires, vers une liberté tout aussi utopique que les autres. Mais, peu importe, pour un globule rouge, mourir en dehors du grand cirque vasculaire, c'est le top du top, le rêve de toute une vie.

À chaque seconde, le flot des immigrants s'amplifie.
À chaque seconde, les chances de survie s'amenuisent.

La lumière rouge, dans la tête du juge de ligne, vient de s'allumer. Agenouillé devant le corps du joueur, il réalise, sans imaginer l'ampleur du désastre, qu'il ne reste pas là, assis sur la glace, à attendre le prochain train.
Déjà il fait signe aux soigneurs et l'attention de tout l'aréna se porte sur le blessé qui s'attire quelques huées, les dernières de sa misérable carrière. Ce n'est que lorsqu'on étend le corps inerte sur la glace que la foule se tait, soudainement intéressée.
D'un geste un soigneur réclame une civière. Ici et là claquent quelques timides applaudissements que Jacques aurait été bien content d'entendre."

la hauteur de l'auteur

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